Damon Albarn (Blur, Gorilaz), Paul Simonon (The Clash) et Simon Tong (the Verve) accompagné du batteur nigérien Tony Allen (Fela Kuti) sont venus nous présenter en live leur nouvel album « Merrie Land » – un carnaval mélancolique anti-Brexit – le 27 mai au Bataclan et le lendemain au Trianon, et on n’a pas voulu rater aucune de ces dates précieuses !
L’ambiance est sombre, la scène soigneusement décorée : deux abat-jours rouges foncés sur deux petites tables de chevet de chaque côté, comme dans un théâtre victorien du début du XXème siècle, et au fond, une sorte de tableau impressionniste qui montre une ville morne, nuageuse, obscure, une ville du nord de l’Angleterre, comme celle de la pochette de l’album ; pochette extraite du film d’horreur de 1945, Dead of Night, qui montre l’image d’un ventriloque (Michael Hargrave) repris par son mannequin.
Peu à peu les musiciens s’installent. A gauche un quatuor à cordes 100% féminin (trois violons et un violoncelle) et au fond les percussions. Une musique country jouée au banjo résonne, le public s’impatiente, tout est prêt : les abat-jours rouges sont allumées, la salle plongé dans l’obscurité, et enfin, les quatre font leur apparition sous les cris et les applaudissements du public. Damon lève son bras, le poing fermé, et remercie son public.
Un public autour de la quarantaine, qui a dansé dans sa jeunesse les hymnes de The Verve ou Blur et qui est là pour assister à cette pièce sur la décadence de la Grande Bretagne.
Le set est divisé de façon équilibrée et bien structurée en deux parties. Dans la première partie, ils vont jouer le dernier album, dans l’ordre et dans sa quasi-totalité à l’exception de « Drifters & Trawlers », et dans la deuxième partie ils reviennent sur leur premier album, sorti en 2007, qu’ils vont également jouer dans l’ordre à l’exception de « Northers Whale » et « Behind The Sun ». Damon assure sur scène, il a 51 ans maintenant, et toujours au top de sa forme. Il vient chanter au plus près du public et sa belle voix nous transporte dans l’univers de « Merrie Land ». Damon joue sur scène, il interprète les chansons parfaitement, donnant cette pointe de tristesse et de mélancolie à sa voix. Entre deux chansons, il nous explique que c’est la première fois qu’ils jouent cet album en dehors de l’Angleterre « Vous savez ? Nous vivons des moments un peu étranges, durs, en ce moment chez nous… » « Pareil ici !! » hurle quelqu’un du public « Oui, c’est vrai, c’est pareil partout dans le monde» poursuit-il « Donc, j’espère que cette musique pourra vous offrir… je ne sais pas…mais vous savez, cette musique a été faite dans l’esprit de vivre ensemble, de prendre soin les uns des autres. Ne laissez pas échouer cette idée et ne laissez pas l’ignorance prendre le contrôle de notre culture ! ». Damon s’exprime en anglais,
mais le public suit. Le côté engagé est bien présent aussi bien sur scène que dans la salle. Et ainsi, on arrive avec « The Poison Tree » à la fin de cette première partie avec ce bel hommage à William Blake et ce profond sentiment de perte et de désespoir.
Après une courte pause, ils reviennent pour jouer, cette fois-ci, les titres du premier album. Le set devient plus optimiste et le public est enthousiaste, danse et chante. Damon, qui avait passé de la guitare acoustique au piano lors de la première partie, s’appuie davantage su son mélodica et interagit souvent avec le public et les autres membres du groupe. Il n’hésite pas à venir demander au public de chanter, de sauter, de faire du bruit.
La prestation est sincère, poignante et sublime. Pendant cette heure et demie de concert, Damon Albarn nous a fait part de ses craintes dans une interprétation merveilleuse, Paul Simonon n’a rien perdu de son énergie, Simon Tong est resté concentré sur son jeu et Tony Allen, qui a gardé ses lunettes de soleil et son chapeau pendant tout le set, nous a séduit avec ses rythmes jazz et world. Un concert qu’on attendait depuis longtemps et qu’on va sûrement aller revoir dans un des festivals de cet été !