Pièce de Jacky Katu
Interprétée par Sandra Duca
Les 19 janvier, 9 février et 16 mars au Théâtre de la Contrescarpe
Ce 19 janvier, au Théâtre de la Contrescarpe, il ne manquait que la présence de Ruth Klüger pour cette première édition de LAD (« Livre, Adaptation, Débat » dont j’expliquais le principe dans un article précédent). La pièce, de Jacky Katu, formidablement interprétée par Sandra Duca, est un texte tiré du livre « Refus de témoigner » de Ruth, née à Vienne, juive, déportée à 10 ans avec sa mère. Elle sortira de cet enfer à 16 ans, émigrera aux Etats-Unis pour reprendre le cours de sa vie de jeune fille pour y devenir adulte.
Ruth a 7 ans lors de l’Anschluss, ce raccordement entre l’Autriche et l’Allemagne nazie. Elle est déportée avec sa mère dans plusieurs camps avant d’être envoyée à Auschwitz. Elles parviennent à s’échapper en 1945, pendant la marche de la mort. En arrivant aux Etats-Unis, Ruth reprend ses études, et devient germaniste, contre toute attente. Ce n’est que bien longtemps après qu’elle finit par écrire son livre, que Jacky Katu nous fait vivre pendant ce spectacle. Seule sur scène, une petite fille nous raconte son quotidien. Elle ne pleure pas, elle suit le chemin qu’on lui dit de suivre. Elle prend conscience de sa situation en se confrontant aux autres enfants de son âge. Heureusement, elle est avec sa mère. Elle est dure, et l’a certainement aidée à survivre. Car il n’y a que ça à faire … Survivre. Au moins, essayer.
La pièce alterne des passages monologués avec des séquences de gestuelle intenses. Toute la douleur que la petite fille ne peut extérioriser, car il en va de sa survie, toute ce mal qu’elle vit, qu’elle voit, qu’elle ressent tous les jours, est reformulé dans ces séquences, dans un silence presque difficile à supporter. Son corps se contorsionne, se tord de douleur. C’est son seul moyen de supporter cette vie …
Une fois la pièce terminée, dans une ambiance intimiste, l’actrice et le metteur en scène s’installent avec nous pour parler de la pièce. Des spectateurs un peu timides au début, les langues se délient et s’ensuit une demi heure de questions sur la création de la pièce, le choix du texte, la vie de son auteur, Ruth Klüger qui aurait bien voulu être là, nous confirme Jacky. Il nous dit d’ailleurs qu’elle est très contente de ce projet, même si elle fait partie de ces survivants discrets.
Une première édition à la hauteur de l’enthousiasme que nous avait témoigné Maud Mazur, directrice artistique du Théâtre de la Contrescarpe, le jour de la présentation saisonnière. Cette représentation de « L’exception » sera suivie de 2 autres, les 9 février et 16 mars. N’hésitez pas une seconde. C’est un spectacle, un texte à découvrir. Pour continuer à ne pas oublier.
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