Début février, à La Scala, plongez dans l’histoire, par le biais de deux figures fortes : Hannah Arendt et Calek Perechodnik. Ces deux noms ne vous diront peut-être rien, on ne les croise pas dans nos livres d’histoire et pourtant, ils ont bien des choses à nous apporter pour comprendre.
Fragment(s)
DU 30 JANVIER AU 2 FÉVRIER 2024 à La Scala
Mise en scène Charles Berling
Interprété par Bérengère Warluzel
Relation presse : Zef
Hannah Arendt est née en 1906 à Hanovre d’une famille juive aisée. Elle a eu la chance d’étudier et de développer son esprit critique au fur et à mesure de ses études. En 1933, à l’arrivée du nazisme en Allemagne elle fuit en France. Puis aux Etats-Unis ou elle finit par être naturalisée dans les années 60. Partir de son pays pour échapper à ce qu’on sait de la suite de l’histoire serait pour certains de la lâcheté ? Parallèlement à l’aide qu’elle apporte au peuple juif pendant la guerre, elle développe plusieurs thèses sur l’humanité, au sens intellectuel du terme.
Alors que le nazisme s’étend, elle réfléchit sur le totalitarisme sous ses formes les plus inhumaines.
La mise en scène de Charles Berling est sobre, basée sur l’essentiel. Sur une scène sombre et dans un brouhaha ambiant, Bérengère Warluzel arrive en marchant très doucement, une immense pile de livres dans les bras, en déclamant les paroles de la philosophe, presque sans respirer. Elle incarne ensuite plusieurs personnages qui viendront faire face à Hannah à divers moments de sa vie.
Crédit photo Vincent Berenger Chateauvallon
Après plus d’une heure de spectacle, où elle réfléchira sur le désir de penser, où pas un moment elle ne cesse de parler, bouger, dessiner, écrire … elle repartira de la même façon que l’arrivée, avec sa pile de livres dans les bras, en déclamant la philosophe.
Cette pièce mérite de se poser et de réfléchir. A ce qu’elle dit, à cette époque de l’histoire où elle a vécu, à la transposition que l’ont peut faire de cela à notre époque où tout va trop vite, où justement on a plus le temps de penser ni de « vouloir » penser.
Posons-nous, et réfléchissons.
Calek
DU AU 2024 à La Scala
De et par Charles Berling
Charles Berling incarne dans cette pièce Calek Perechodnik. Né dans une famille juive polonaise plutôt aisée, il part faire ses études en France. Il rentre vivre en Pologne, se marie, et sa fille Athalie nait en 1939. En 1940, tous les juifs sont obligés de s’entasser dans ce qu’on appellera les Ghettos de la ville, créé à une 20 aine de km de Varsovie. Persuadé que cela lui permettra d’échapper au pire, il s’engage dans la police juive. Je ne vais pas faire ici un cours d’histoire, mais bien entendu il n’en fut rien.
Dans ce seul en scène, Charles Berling lit les mémoires de Calek. Il ne s’empare pas du personnage, mais du texte. Même s’il parle à la première personne. Dans une scène totalement vide de décor, avec juste un cercle crayonné au sol, le comédien lit des dizaines de feuillets qu’il laisse tomber à ses pieds au fur et à mesure de sa lecture. Et il raconte cette guerre horrible dont les témoignages résonnent encore douloureusement.
Crédit photo Daniel Kapik
Plus fort qu’un manuel du programme d’histoire de classe de terminale, que des cours récité par des profs parfois las de ressasser d’une année sur l’autre à des jeunes pas encore prêts, ce sont ce genre de témoignages qui nous aide, plus que connaitre les chronologies, à comprendre les psychologie des gens qui les ont vécues. Ces gens qui n’étaient pas conditionnés à la consommation de masse, aux réseaux, à toutes ces choses qui rythment notre quotidien à nous, mais pour qui, le seul objectif était de survivre.
Je n’avais jamais été très douée en cours d’histoire pour retenir la chronologie des événements pendant la guerre. Des tas d’informations fusaient dans tous les sens, dans nos livres, et racontés par nos profs pas toujours très intéressants. Difficile de toutes façons d’intéresser des ados de 16/17 ans, même à l’approche du baccalauréat ! Nos profs auraient du nous emmener voir cette pièce au théâtre. Vous avez quelques jours pour prendre vos places.