Un film de Pema Tseden
Nationalité : Chinois
Sortie le 19/02/2020
Distribué par ED Distribution
« Si je te raconte mon rêve, tu pourras l’oublier ;
si j’agis selon mon rêve, sans doute t’en souviendras-tu ;
mais si je te fais participer, mon rêve devient aussi ton rêve. »
– proverbe tibétain
Dans une zone déserte du Tibet, à 5000 mètres d’altitude, un camionneur voit son quotidien légèrement changer de direction. D’une, il percute un mouton qui se jette sous ses roues et de plus, il croise la route d’un homme des plus mystérieux.
La lenteur du film pourrait en dérouter plus d’un. En effet, peu d’actions, peu de dialogues. La plupart du film se passe dans l’impression, dans l’observation, et dans une très belle photographie. Il est vrai que voir ces paysages brumeux du Kekexili, déserts, vides, nous dépaysent, nous qui sommes habitués aux villes, au bruit, et qui aspirons surtout au calme. Mais celui là est peut-être trop calme pour certains 🙂
Quand on fait connaissance avec Jinpa, alors qu’il prend la route avec son camion, pour aller livrer de la marchandise dans un commerce, on sent bien qu’il n’est pas de nature très sociable. Il n’en est pas moins respectueux car, lorsqu’il percute un mouton (que faisait-il là, d’ailleurs, seul sur la route, sans aucun village à des km à la ronde …?) il n’a plus qu’une idée en tête, c’est de trouver le moyen de sauver son âme comme le veut la tradition de son pays.
Lorsqu’il prend un voyageur en route, il découvre que celui-ci a une mission bien précise : se venger de l’homme qui a tué son père dix ans auparavant. Comme dans un western à la Sergio Leone, on suit les deux personnages qui roulent dans le désert tibétain, jusqu’à ce que leurs routes se séparent. Jinpa continue la sienne pour poursuivre sa journée de travail, et l’autre, qui s’appelle Jinpa aussi (tiens tiens …) part vers le village où il espère retrouver le fameux assassin de son père.
Le film est en fait l’association de deux nouvelles : J’ai écrasé un mouton, et L’assassin. L’idée de lier les deux font que l’un est le point de départ du deuxième. Comme si Jinpa n’aurait pu croiser l’auto-stoppeur s’il n’avait pas percuté le mouton …
Une incroyable communion entre l’homme et le territoire, dans un premier temps, qui va peu à peu entrer dans en relation avec l’homme, tout d’abord à l’extérieur, puis à l’intérieur dans un bar restaurant, puis dans l’intimité d’une maison et de la famille qui y vit … En regardant de plus près les images, les cadrages, le flou de certaines scènes qu’on croit revoir plusieurs fois, on finit par se demander si Jinpa, et l’auto-stoppeur qui dit s’appeler aussi Jinpa, ne seraient pas la même personne … Mais bien sûr, Pema Tseden ne nous permet pas d’effacer le doute sur cette question.