ÁGA

Un film de Milko Lazarov
Nationalité : Bulgare, Allemand, Français
Sortie le 21 novembre 2018

Sélection Officielle, Berlin 2018
Grand Prix, Cabourg 2018

Ága, c’est l’histoire d’une famille. Un père, une mère, et deux enfants. C’est une histoire banale et pourtant, c’est un film d’une puissance rare et d’une incroyable sensibilité. Ága, c’est la fille. Devenue adulte, elle a quitté ses parents pour aller à la ville, comme dans la continuité d’une vie normale …

Sauf que là, nous sommes dans le Grand Nord. La vie n’est pas exactement comme on la connait ici, en France ou n’importe quel autre pays d’occident. Le Grand Nord est un monde vraiment à part. Et dans ce film, qui vogue sur les traces du célèbre Nanouk, (film de Flaherty, 1922, le premier à mettre en scène cette partie du globe), Milko Lazarov nous emmène dans l’univers culturel des Iakoutes, dans l’une des zones les plus froides du monde, au nord-est de la Sibérie. Le temps s’arrête, les plan fixes immersifs nous plongent dans un environnement qu’on découvre, où le sol enneigé rejoint l’horizon. Tout est blanc, immaculé, silencieux.

On croise tout de même ce couple dans la cinquantaine, Sedna et Nanouk (belle référence au film de 1922 cité plus haut), vivent au rythme du froid. Chaque journée n’a, pratiquement, pour but que de trouver de quoi manger, de chasser ou de pêcher, de fabriquer des vêtements chauds pour lutter contre les températures. Milko Lazarov prend le parti de limiter les dialogues, mais d’inclure des contes, récités par les personnages, ce qui amplifient la poésie du film.
Reliés malgré tout à la réalité de notre époque par quelques avions qu’ils suivent des yeux dans le ciel, et par quelques rares contacts extérieurs, ils vivent dans le soucis du lendemain, renouveau quotidien pour leur propre survie.

On suit ainsi le couple jusqu’à la fin du film, jusqu’au dénouement où il n’est pas besoin de paroles tant les regards entre le père et sa fille sont forts. La dernière image du film, vue spectaculaire sur la mine de diamants où travaillent probablement la plupart des habitants de la ville qui frôle cet énorme ouverture dans le centre de la terre (plus d’informations sur la mine de Mir), nous rappellent le gouffre qui sépare le monde de Sedna et Nanouk, des gens de la ville, et donc de leurs enfants.

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