GRACE A DIEU

Film de François Ozon
Nationalité : Français
Sortie le 20 février 2019

 

Ce film choc, sorti le 20 février, met en lumière une affaire des plus sombres. Dans les années 80, Bernard Preynat, un prêtre très renommé et apprécié des familles à Lyon, abuse sexuellement de dizaines d’enfants auxquels il enseigne le catéchisme et gère les camps scouts. C’est grâce à l’un d’eux, pourtant prescrit, que le dossier est déposé au parquet de Lyon. A partir de son témoignage qui arrive 30 ans après les faits, des dizaines suivront. La décision sera rendue le 7 mars. 

© Jean-Claude Moireau

Comment parler du film sans parler de l’affaire elle même. L’incipit du film nous indique que le film est adapté d’un fait réel. En fait, il est le fait réel. Les noms des personnages sont repris à l’identique, et on imagine que les caractères, les façons de se comporter des victimes sont authentiques. Nous sommes face à des adultes très différents les uns des autres. Alexandre a bien réussi dans la vie, marié avec 5 enfants, et vivent dans la religion catholique pratiquante. François a « oublié » tout ça pour vivre en paix, athée. Emmanuel n’arrive pas à oublier, il est instable dans sa vie d’adulte, tant sentimentalement que professionnellement. Mais qui pourrait oublier ? 

Le pire est de voir la réaction des parents, qu’Ozon reproduit dans le film et qui, à n’en pas douter, est réelle. Les parents qui ont peur du scandale, qui invitent leur enfant à ne rien dire, pour ne pas que ça se sache dans le quartier. Pour qu’ils ne soient pas gênés en allant faire leur marché … Et cette prescription qui, « grâce à Dieu » est active … Mais peut-on décemment parler de prescription sur des abus sexuels sur des enfants d’à peine 10 ans, qui auront besoin de plusieurs décennies pour ne serait-ce que réussir à en parler ? 

Une bonne partie du film est traité en style épistolaire. Les lettres entre Alexandre, premier a témoigner, avec RégineMaire, bénévole à l’église et psychologue, sont lues, en voix off des images du film. Elles sont polies, factuelles. Les réponses qu’il reçoit de Régine et du Cardinal Barbarin survolent le sujet. En appellent à la prière. Quand Alexandre attend des actes. On sent que ça ne va pas être si simple, devant le silence persistant de l’église. Il finit par porter plainte. C’est lors de cette plainte que d’autres victimes sont retrouvée et que tout s’enchaîne, grâce à une lettre d’une maman, datée de 1991 retrouvée dans les archives … 

© Jean-Claude Moireau

Le pire sujet possible est ici traité par Ozon comme une délivrance pour les victimes, chacun à leur façon, à leur niveau. Soutenus par les plus forts d’entre eux, l’association qu’ils créent a un but salvateur salvateur pour eux, et d’information pour les autres. Impossible d’imaginer cela, avant d’être confronté à ces témoignages. Toujours active et à jour, elle soulève le voile (pourrait-on dire la soutane) sur l’affaire, recense les témoignages et les articles parus depuis le premier témoignage d’Alexandre. 

Dans quelques jours, le 7 mars 2019, nous aurons la décision de la justice sur cette affaire, qui avait débuté par la première lettre d’Alexandre en 2014. Nous en saurons donc plus sur le devenir de Bernard Preynat, qui n’a jamais nié avoir un problème, sans pour autant pouvoir le gérer lui même, mais aussi sur celui du Cardinal Barbarin, qui a avoué être au courant depuis au moins 2007. Le procès contre Preynat devient celui de Barbarin … 

Procès Barbarin : Le jugement fixé au 7 mars

Ce film, poignant, presque documentaire, est indispensable. Comme Spotlight en 2015, qui retraçait une affaire similaire aux Etats-Unis. On ne peut pas fermer les yeux sur ces actes, qui sont bien réels. Il y a une chose à espérer maintenant, que ça ne se reproduise plus. Une fois le procès bouclé, les victimes pourront, peut-être, enfin commencer à vivre. 

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