Un film de Stanley Tucci
Nationalité : britannique, français
Sortie : 6 juin 2018
Splendide adaptation à l’écran de la réalisation de ce qui devait être la dernière oeuvre d’Alberto Giacometti. D’un réalisme fou, on plonge la tête la première dans le décor de son atelier rue Maindron, dans le Paris du début du XXeme siècle.
L’oeuvre finale, ou presque
Après une carrière longue et souvent chaotique, l’artiste sait très certainement quand, à la fin de sa vie, il entame le travail sur ce qui doit être sa dernière oeuvre. Il sait qu’il joue toute sa carrière sur cette réalisation, car c’est la dernière chose qu’il laissera derrière lui.
C’est ce que nous montre Stanley Tucci dans ce film où Alberto Giacometti invite son ami américain James Lord à poser pour ce qui doit,
en principe, être sa dernière oeuvre. La séance n’est sensée durer qu’un après midi. Son perfectionnisme maladif le poussera à recommencer une, deux, trois, dix, vingt fois l’oeuvre, à s’énerver sur son travail, à n’écouter ni les compliments de son frère, Diego, artiste également, ni ceux de sa femme, ou même du modèle qui lui, ne s’attendait pas à ce que la réalisation soit aussi compliquée.
James Lord nous fait entrer dans la confidence …
L’originalité de ce film tient principalement dans la façon dont le film est réalisé. Sur la base des écrits de James Lord (Un portrait par Giacometti, publié par les Éditions Gallimard en 1991), l’auteur nous invite dans l’univers sombre de l’atelier de l’artiste, lors des multiples recommencements de l’oeuvre.
La voix off de James Lord (remarquablement interprété par Armie Hammer) nous fait entrer dans cet univers, et nous tient par la main tout au long du film, comme un journal intime le long duquel on pourrait contempler des gravures illustratives entre les écrits.
Des pointes d’humour égaient cette longue pose, et la prestation de Sylvie Testud dans le rôle de madame Giacometti rend d’autant plus réaliste la situation de leur couple, soudé malgré tout.
Pas évident de reprendre le parcours d’un artiste sans faire un copier coller de sa vie. Ici, on ne se base pas sur une biographie classique mais sur des détails privés, tirés d’une amitié de longue date entre Giacometti et Lord, ce qui rend ce film d’autant plus réussi et intimiste.